A quand l’alternance au Sénégal ?

A l’approche des présidentielles prévues en Février 2019 au Sénégal, certains candidats comme Idrissa Seck, Abdoul Mbaye se sont déjà déclarés candidats. D’autres comme Khalifa Sall et Karim Wade sont à priori écartés de ces échéances.


Une élection attendue dans 11 mois mais le suspens commence déjà. Avant-hier, l’édile de la ville de Dakar a écopé d’une peine de 5ans de prison et de 5millions d’amende après moult épisodes dans un procès surmédiatisé. Pourtant il était accusé d’avoir blanchi près d’ 1milliard 800 millions de francs CFA même si l’accusation portant sur le détournement de derniers publics lui avait été déchargé finalement. Contradiction ou pas, Cette condamnation l’écartera sûrement de la course aux présidentielles de 2019. 

De l’autre côté le leader de Rewmi, Idrissa Seck sillonnait les bourgades et les régions sénégalaises ces dernières semaines. Ainsi, il se présente comme le seul probable opposant contre Macky Sall, actuel président de la République du Sénégal. Celui-là même qui, pour accéder au pouvoir s’était appuyé sur les masses rurales en parcourant les campagnes et les villages  pour réaliser la « deuxième alternance ». Il avait alors au bout réussi à vaincre son ancien mentor Abdoulaye Wade. L’opposant historique d'Abdou Diouf et dans une moindre mesure celui de Senghor, qui a dirigé le Pays pendant Douze ans et qui avait accompli une  première « Alternance ».  

Laquelle a été perçue comme la  première dans ce pays et gratifia au Sénégal du statut d’exemple démocratique africaine et même mondiale. Que nenni, de Senghor à Macky en passant par les deux « Abdou » qu’est ce qui a vraiment changé ? C’est presque une continuité dans les actions politiques.  Toujours les mêmes approches pour convaincre le peuple. De cette manière, les candidats s’appuient sur les confréries religieuses en privilégiant les plus générateurs d’électorat et par conséquent, ils seront obligés de leurs accorder une importance particulière pendant et même après leurs années au pouvoir. De plus ils font des promesses pré-électorales tout-azimuts sans jamais les réaliser. Car au fond, comment peut-on faire avancer un pays déjà divisé par un planning ethnique et tribal diversifié en s’adossant sur des aspects à caractères trop passionnels et désagrégeants. 

De ce fait, les coalitions débouchent souvent sur des scissions car la base de ces unions repose fréquemment sur des intérêts personnels ou sur des fondements religieux et ou ethniques… De  telle sorte que les candidats se bottèlent entre eux aux grès des vents créant ainsi une sorte d’anarchie au pouvoir qui fait que les ministres, le corps administratif de l’Etat…ne sont pas choisies en fonction de leurs compétences mais en fonction de leurs « exploits » électorales sans compter le népotisme croissant qui sévit dans ce pays. 

Alors toutes ces dérives peuvent-ils permettre une alternance politique sérieuse au Sénégal ? Si on y ajoute le fait que les présidents abusent du pouvoir en portant des accusations dans toutes les directions pour seulement empêcher aux opposants de menacer leurs intérêts, c’est presque une tyrannie. En conséquence, les dirigeants ont beaucoup trop de pouvoir. Et parler d’alternance serait presque une injure. Bref, comme dirait l’autre « Il n’y a pas d’alternance, mais ils y’a des alternatives » et « Nos dirigeants ne font pas de la politique pour servir le peuple mais plutôt pour se servir ».

Commentaires

  1. Félicitations Mariam pour la pertinence de l'analyse. Mais à mon avis je crois que le senegal comme certains pays de l'Afrique, connait des alternances même si aucun vrai changement ne s'opère. Aujourd'hui opposant, demain au pouvoir, la classe politique de nos pays n'offre rien aux populations à par la plonger dans la misère. Du changement à l'émergence en passant par la rupture, les acteurs politiques ne sont qu'à la quête permanente de leurs intérêts. Et si je peux me permettre, l'autre que tu as cités, a su bien éclairer: << l'Afrique connait des alternances au pouvoir sans alternative>>.

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