PROJET-CORRESPONDANCE-COVID 19 : la trouvaille d’un artiste plasticien face au défi du coronavirus
Depuis que le
coronavirus s’est installé au Sénégal, les campagnes de sensibilisation et les
initiatives se multiplient. Chacun y va de sa touche, les artistes aussi. Il y
a plus de trois mois Papis Djibril a eu l’idée de mettre en correspondance 4
collèges sénégalais dans le but de documenter le vécu des jeunes à travers les arts
plastiques.
Correspondance
Covid19 est un projet initié par l’artiste plasticien Papis Djibril Diop. Il a
eu l’idée de mettre en correspondance 4 collèges sénégalais un jour en allant à
la Poste. « En plein arrêt du transport interurbain, j’étais en train
d’envoyer un colis vers Mbacké, que je transmettais d’ordinaire par Allo Taxi ».
C’est alors que Djibril Diop s’est remis dans le contexte du « temps où
pour faire parvenir un message, il fallait écrire une lettre et attendre des
jours, parfois des mois, avant de recevoir une réponse. La correspondance
épistolaire avait son charme. On appréhendait les mots écrits différemment de
l’expression verbale et c’était par la même occasion un bon moyen de parfaire
sa calligraphie, son orthographe, sa grammaire », explique-t-il.
Correspondance entre
collèges
Ce projet retenu par
l’Institut Français de Dakar dans le cadre d’un appel à projets qui s’adressait
aux structures souhaitant développer des initiatives artistiques, innovants et
citoyens de sensibilisation sur le Coronavirus concerne les quatre collèges que
sont : Le Cem Keur Don Bosco où il est professeur, le Cem Thiaroye Azur,
le Cem de Mboro ainsi que le Cem de Bakel. Avec l’appui de «Du Benn», un
collectif d’artistes dont il fait partie et composé de Djibril Ndiaye, Assane
Sarr, René Gomis, Moustapha Badiane et Papa Amady Ndiaye le manager, un stock
de matériels a d’abord été mis à la disposition des quatre collèges ciblés. A
l’issue de la sélection des potaches, une cinquantaine d’élèves de la 6ème à la
3ème a été retenue. Papis Diop indique que cela s’est fait en 3 phases. Pour la
première phase, «Chaque élève s’est vu attribuer un correspondant. Nous mettons
évidemment beaucoup de rigueur au respect des mesures barrières en classe»,
précise-t-il. Ensuite «Les élèves de
deux collèges Cem Thiaroye et Cem Mboro, Keur Don Bosco et Cem Bakel ont
correspondu d’abord à travers une lettre écrite où ils expriment leur vécu
depuis le début de la pandémie, ce qu’ils vivent chez eux, quand ils
sortent, ce qu’ils voient à la télé etc.». Pour ce qui est la phase picturale
chaque élève s’est exprimé à travers des dessins. «Bien que le thème principal
reste le Covid-19, on a tenu à ce qu’ils aient une grande liberté d’expression
aussi bien à travers les techniques utilisées que dans le contenu des dessins»,
tient-il à noter.
Pourquoi les jeunes ?
Djibril Diop pense
que la pandémie de Covid-19 est le pretexte idéal pour pousser les jeunes à
exprimer leur vécu durant cette période particulière. Tout cela, à travers le dessin et l’écriture et via le
moyen de correspondance qu’est la Poste.
Et c’est pour cela qu’il
veut documenter le vécu des jeunes car il s’est pris d’empathie pour ses élèves
« Au moment de l’arrêt des cours, je me suis toujours demandé comment mes
élèves passaient leur temps. On ne s’en rend pas toujours compte, mais la
situation que l’on vit est exceptionnelle et sans précédent». L’artiste
plasticien pense à cet effet qu’ « à coup sûr, la Covid-19 marquera
l’histoire et on en parlera encore pendant des décennies. Et dans quelques
décennies, ce sont les plus jeunes qui seront là pour en témoigner. C’est
pourquoi il est important de recueillir leurs points de vues.
Papis Diop a aussi
indiqué qu’une vidéo retraçant le déroulement du projet va être partagée sur
les réseaux sociaux. «Il est prévu à la fin de la pandémie un moyen de
restituer le travail accompli par tous les élèves à travers une exposition»,
ajoute notre interlocuteur.
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