Une décharge contre un marché à Grand-Médine

QUAND LES ORDURES SONT VENDUS COMME DU POISSON

Situé à la bordure ouest du pont Sénégal  92, le marché de poisson de Grand-Médine jouxte un auto-poubelle envoyé par la Mairie de Patte-d’oie pour se positionner sur place chaque matin. Jadis ancien dépotoir d’ordures, ce nouveau marché continue à accueillir des déchets encore aujourd’hui. Les Vendeurs tout comme les populations environnantes rivalisent donc d’ardeur dans cette tâche.

Derrière une poignée de fumée qui s’élève vers le ciel, Une femme vêtue d’un pagne noué jusqu’aux reins cachant une partie de son tee-shirt, tient une grosse fourchette à la main. Elle tourne et retourne  les poissons qu’elle préparent à partir d’un fourneau.  Au même moment des voix confuses ameutent les derniers venus. Mais surtout l’odeur poissonneuse envahit les narines souvent plus fortement que celle des ordures. A proximité des rangées de vente, un groupe de femmes discutent, certaines sont assises sur des bancs, d’autres plus promptes, sont debout et guettent l’arrivée des clients : ce sont des écailleuses. Dans  tout ce tohu-bohu, entre deux rangées d’étals, un homme essaie de tirer un jeunet de la direction d’un vieux chat bouffi du visage qui traînait d’étal à étal. L’entrée principale du Marché de Grand-Médine habituellement appelé « Sous le pont » en Wolof fait fàce à un auto-poubelle d’où les saletés débordent. Il fait quatre rangées d’étals constituées d’environ une dizaine de poissonniers par file. Juste à l’entrée, deux hommes âgés disant être des monnayeurs sont assis sur des réfrigérateurs posé à presque 3 m du dépotoir, ils discutent et  l’un d’eux répondant au nom de Abdoulaye Ndiaye confie :  «  cela ne nous dérange plus à cause de l’habitude mais ce n’est pas ce que nous préférons ». Ce Camion poubelle immobile aux heures de travail arrive chaque matin puis ne repart que le soir pour desservir nous informe le délégué de marché Fatou Diouf. Aux alentours, stagnent des détritus, des ordures ménagères tout comme celles des vendeurs. Il sert de dépotoir pour les débris de toutes sortes. Le long des rangées, les écailles de poissons disséminées ainsi que les jets d’eau noire parfois visqueux par ci et par là tachent la couleur jaune pâle du sol. De tant en temps les vendeurs munis de pots de tomates, jettent de l’eau sur les poissons pour rafraîchir. Mais dans certains étals, on peut même voir certains poissons bougés  encore. Une cliente accompagnée d’une amie peut-être la trentaine, foulard noir à la tête, pense qu’il doit y avoir la synergie des vendeurs  et des autorités pour régler la situation. A la question comment font-ils pour acheter dans un marché jouxtant avec un dépotoir, elle répond qu’elles sont obligées d’acheter même si c’est la présence excessive ordures qui frappe l’œil de tous à première vue, dès qu’on entre dans le marché. Au fond du marché derrière les poissonniers, s’ensuivent  les étals des écailleurs puis Carrément à l’extrémité gauche, les vendeurs de légumes et d’épices se positionnent. Jouxtant les écailleurs  un vendeur de vêtements attire l’attention. Pendant ce temps,  les allées et venus des vendeurs de sachets sans répit se font remarquer. Un instant trois d’entre eux forment un groupe puis semble prendre une pause informe Mamour Touré, l’un d’entre eux nous explique qu’auparavant la saleté venait jusque dans les étals, cause pour laquelle l’auto-poubelle a été amenée. « Les riverains vivant dans les alentours jettent leurs ordures tout comme les vendeurs » . Ndeye Ami Thiam, quant à elle vendeuse de poisson crie leur ras-le-bol « On est vraiment fatigué, cette situation ne devrait pas avoir lieu mais nous n’y pouvons rien».  Dans le même sillage la déléguée du Marché nous informe qu’auparavant le lieu servait de dépotoir d’ordures. Ce n’est que bien après qu’il est devenu un marché. Dans le souci de desservir les ordures, la mairie de patte d’oie leur a  doté d’un auto-poubelle. Puis elle lance : « Ce n’est pas tout le monde qui y jette leurs ordures, certaines préfèrent attendre le matin l’arrivée des camions-poubelle mais d’autres n’empêchent viennent y mettre de la saleté. En plus des charretiers qui viennent d’autres zones pour déposer ». A l ‘en croire la situation mêlé à la rareté du poisson. L’ordure devient une marchandise.

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